Icône
Cette photographie où le corps de l’artiste se voile dans un immense collier de perles, caché derrière un amas d’ornements, est une observation sur les paradoxes liés à la législation de l’image du corps et à son iconographie. L’instrumentalisation politique du corps de la femme façonne le rapport des sociétés à l’image de celui-ci, comme cette image qui, dans une démarche iconoclaste, fabrique de nouvelles icônes.
Photographie.
Tirage jet d’encre couleur.
110 x 140 cm
2010
D’après le dictionnaire, le terme icône connait deux acceptions. La première nous rappelle qu’il s’agit d’une image sacrée. La seconde définit le terme comme un signe dans un rapport de ressemblance avec la réalité extérieure.
Cette image nous montre une femme dont une large partie du visage et les épaules sont recouvertes de perles. Cette parure nous évoque immédiatement la burqa, qui a été tant au cœur des débats en France ces dernières années. Une burqa présentée comme un ornement, certes, mais qui semble également empêcher cette femme dans ses mouvements, telle une camisole.
Le titre de cette œuvre, Icône, souligne combien les femmes portant voile, burqa ou niqab sont le symbole d’une réalité plus large. Le débat entourant le port de signes religieux pose deux questions : la place du phénomène religieux acceptée par une société laïque et la représentation de la femme.
Dans cette photographie, Amélie Weirich et Federico Fierro ne nous parlent pas d’une religion en particulier, peut-être même n’est-il pas question de religion du tout. Il s’agit plutôt de comprendre si les femmes qui portent cette parure (ou toute autre) souhaitent réellement être au centre de cette attention. Il semble que toutes les femmes, dans notre société, ont la pression constante de l’image qu’elles renvoient. Leur apparence est le support de toutes les projections symboliques : ce qu’elles doivent être, ce qu’elles doivent faire, ce qu’elles doivent porter ou non : tout est sujet à jugement et à caution. Et c’est à ce phénomène là que les artistes nous invitent à réfléchir.
Amélie Mathieu